Hier soir il y avait le match des New York Yankees contre les Boston Red Sox. Je parle de Baseball bien sûr. les Sox se sont inclinés 6 à 2, c'est con c'était justement jour de fête : on célébrait les 100 ans de Fenway Park, le stade de la mythique franchise. Mais bon au final c'est pas vraiment de ça dont je vais parler. C'était plus pour introduire le thème du baseball. Parce que dimanche passé (le 15 avril), je regardais sagement la télé, encore un match des Yankees. Puis vient le tour de Derek Jeter à la batte. Monsieur 3000 coups sûrs. Plutôt balaise le mec quoi ! Et il porte le numéro 2 normalement. Là en fait pas du tout, il avait changé de numéro : il portait le 42. Rien de bien intéressant en fait. Sauf qu'en y regardant plus attentivement je me suis rendu compte que tous les joueurs, sans exception, des deux équipes, les coachs et même les arbitres portaient le numéro 42... J'ai pas trop compris au début et puis le commentateur qui braille en américain : "And today all players wear the number 42, it's Jackie Robinson Day", ou en tout cas un truc dans le style.
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Jackie Robinson |
Et là, question existentielle : "Mais qui est ce Jackie Robinson" ? Il ne faut pas chercher bien loin pour trouver, et l'homme a une vie pas banale. Jackie Robinson est né le 31 janvier 1919. Sa mère n'est pas très riche, il commet deux trois vols, rien de bien grave et il ne s'enlise pas dans la délinquance. Il a la chance d'avoir un exemple de sportif exemplaire dans sa famille : son frère Matthew Robinson qui sera médaille d'argent au 200m des JO de Berlin en 1936, derrière le mythique Jesse Owens. Au lycée il s'adonne donc à plusieurs sports, et en fait il est plutôt bon dans tout ! Il joue au baseball, est quarterback dans l'équipe de football, meneur de l'équipe basket et complète le tout en étant dans les équipes d'athlétisme et de tennis. Bref, un athlète on ne peut plus complet comme on n'en voit plus.
Entre 1939 et 1941, le jeune homme entreprend des études à l'Université de Californie à Los Angeles (UCLA). Il en sortira avec des lettres de recommandations pour le basket (meilleur marqueur de la division), pour le football (meilleur retourneur de punt national), pour l'athlétisme (record de conférence du saut en longueur) et pour le baseball. Plutôt pas mal puisqu'en plus il s'illustre aussi en golf, en tennis et en natation. Autant dire que quand, en 1965, l'université crée son Hall of Fame, il y est immédiatement admis. Pourtant il quitte l'université six mois avant la fin et s'engage dans l'équipe de football d'Honolulu. En parallèle il a un travail à Pearl Harbor... La saison de foot s'achève le 3 décembre 1941, le 5 il embarque pour retourner sur le continent, le 7 Pearl Harbor est attaqué.
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Robinson chez les Montréal Royaux |
Après la guerre, il est recruté par le propriétaire des Dodgers de Brooklyn en ligue majeure et des Royaux de Montréal en ligue mineure. C'est là qu'il jouera sa saison 1946. Et grâce à lui l'équipe de Montréal gagnera sa division. Le combat pour faire accepter un noir n'avait pourtant pas été facile. Mais le plus dur reste à venir : Robinson va jouer en Ligue Majeure en 1947, dans la franchise des Dodgers. Et ce sera le premier noir à évoluer au plus haut niveau du baseball américain, du baseball mondial. Il fait ses grands débuts le 15 avril 1947, et réalise une prestation plutôt nulle. N'empêche le changement est en marche. En NFL, les Rams de Los Angeles accueillent Kenny Washington, le premier noir de la NFL. Un ancien équipier de Robinson à l'université.
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Le maillot de Robinson floqué du désormais mythique n°42 |
La saison 47 se passe, avec ses hauts et ses bas, et finalement il est élu meilleure recrue de l'année et sera le premier noir à remporter la Ligue Nationale, même si les Dodgers échouent en finale contre les Yankees. Il jouera 10 ans pour les Dodgers et mettra fin à sa carrière le 5 janvier 1957, à presque 38 ans. Grâce à Branch Rickey, le patron des Dodgers, il aura révolutionné ce sport. Quand il commence en Ligue Majeure, il est le seul noir. 10 ans plus tard, treize des seize franchises ont intégrés des noirs dans leur équipe.
En 1962, il est élu au Hall of Fame du baseball. Le 4 juin 1972, les Dodgers retirent son numéro 42 de la franchise. Il meurt le 24 octobre de la même année en ayant combattu jusqu'à la fin pour l'égalité entre Blancs et Noirs. Et puis honneur suprême, 50 ans après son début de carrière, le 15 avril 1997, la MLB décidé de retiré le numéro 42 de toutes les franchises.
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Jackie Robinson Day : Tous les joueurs portent le n°42 |
En 2004, la MLB décide que le 15 avril serait désormais le Jackie Robinson Day. Le jour qui commémorerait l'homme qui a brisé la ligne noire, qui a brisé la ligne ségrégationniste présente depuis des décennies dans le baseball. Le 15 avril 2007, on commémore le 60ème anniversaire de son début de carrière. Pour l'occasion, la MLB autorise exceptionnellement les joueurs qui le désirent à porter le numéro 42 ce jour-là. Ils seront plus de 150 à l'arborer. L'année suivante, en 2008, ils seront plus de 300 à porte le numéro de Jackie Robinson, dont certains managers. En tout sur les trente franchises de la Ligue, neuf auront une composition de joueurs entièrement dotés du 42 mythique. L'année suivante, il est désormais obligatoire pour tous de porter le numéro 42 lors de ce 15 avril, aussi bien pour les joueurs que pour les entraineurs et les arbitres. Enfin en 2011, les équipes qui ne jouent pas le 15 avril devront arborer le 42 dans leur stade, dans la deuxième quinzaine du mois.
C'est donc, on peut le dire, un destin exceptionnel pour ce joueur de baseball, ce sportif accompli. A l'image d'un Wilt Chamberlain qui a marqué l'histoire de la NBA, ou d'un Pelé pour le football, Jackie Robinson a marqué le baseball américain.
Plus d'infos :
http://thoughtsaboutbaseball.blogspot.com/2011/04/liveblogging-jackie-robinson-day.html
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jackie_Robinson
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jackie_Robinson_Day